RETOUR D’EXPÉRIENCE : Moment de solitude

La matinée s’annonçait assez difficile mais le coach était plutôt serein.

La difficulté résidait dans la charge émotionnelle de l’équipe à accompagner, 4-5 personnes incluant le manager, qui avait été interviewées individuellement et qui n’en pouvaient plus de l’ambiance délétère qui planait depuis trop de mois, rendant la communication agressive et inefficace. Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), ainsi Marshall B. Rosenberg, père de la Communication Non Violente, intitule-t-il son best-seller.

La sérénité tenait à la préparation de l’intervention sur cette première demi-journée, à partir des informations récoltées lors des entrevues. Il y aurait quelques exercices autour du thème « se connaître soi-même, se faire connaître des autres et connaître les autres ». Parler de ses valeurs, de ses talents, de ses pistes de progrès et présenter le modèle de personnalités de la Process Communication®.

Les suspicions de boycott de la démarche s’étaient estompées dès que le coach avait reçu les accusés de réception de son invitation. De fait, toute l’équipe était au rendez-vous. Cela pouvait démarrer.

Une inclusion pour entrer dans l’animation. Un cadre pour se sentir à l’aise avec les règles de la séquence. Puis, avant de démarrer le premier exercice, une participante craque. En larmes, elle explique sans condamner, ce qu’elle vit d’insoutenable depuis des semaines et des mois, dans sa relation avec son boss. Elle n’en veut à personne, mais ne veut plus être dans ce service. Entre deux sanglots, elle se demande pourquoi elle est venue ici ce matin, et à quoi bon continuer.

 

Le coach laisse couler ce flux, et s’interroge en silence. S’arrêter là, pour ne pas faire souffrir ? Continuer pour justement dépasser la situation, chercher un bénéfice ? Après tout il est là pour ça ! Il donne la parole aux autres. « Difficile de continuer dans ces conditions ! » suggère un participant. Puis il se tourne de nouveau vers celle qui retrouve peu à peu son calme : « De quoi avez-vous besoin maintenant ? ». Pas de réponse.

Tant pis ? Tant mieux ? Intuition ? Il se lance : « Je vous propose tout autre chose que ce que j’avais en tête au début. Je vous invite à noter sur des post it, ce que vous attendez de votre manager et ce que vous pensez qu’il attend de vous. Et vous manager, ce que vous attendez de vos collaborateurs et ce que vous pensez qu’ils attendent de vous. C’est possible pour vous ? Et vous aussi ? … Et pour vous ? » Tout le monde acquiesce. Les post-it sont ramassés, positionnés sur le tableau, lus, et font émerger des ressemblances et des dissemblances. La discussion démarre. Les perceptions s’expriment, les représentations se dessinent, les incompréhensions apparaissent, la clarification s’invite, les idées entrent en jeu, les pistes commencent à émerger. Ici, un début de solution. Là, une difficulté qui résiste. La communication enfin emplit l’espace. Fragile, mais présente.

Fin de la matinée. On se promet de poursuivre l’exercice la semaine suivante !

L’intuition était probablement bonne…

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