La salle mise à disposition pour la matinée se remplit au fil de l’eau de DRH ou RRH issus d’entreprises locales, de tailles et de domaines d’activités très divers piochés dans l’industrie, le service, le secteur privé comme le public. L’accueil est agrémenté d’un café et de viennoiseries pour compléter ou remplacer un petit-déjeuner pris à la hâte.
Comme à son habitude, ce club des RH se réunit mensuellement autour de thèmes choisis collectivement en début d’année. Les expériences de chacun viennent enrichir l’apport d’un intervenant sélectionné pour son expertise.
A 8h30, l’animateur propose à la bonne quinzaine de participants de prendre place. Thème du jour : « Comment tirer le meilleur parti de l’Entretien Professionnel ? ». Le donneur d’ordre avait retenu l’ancien manager devenu coach, car il avait flashé sur l’angle de vue proposé. Pas un simple rappel des exigences règlementaires et quelques bonnes pratiques pour ce qui paraissait pour une corvée par le public des RH. Mais une véritable remise en question.
Après les présentations de rigueur et un petit exercice ludique pour se mettre dans l’ambiance, l’intervenant démarre sur les chapeaux de roues : « Je ne vais pas vous rappeler la règlementation. Je vais plutôt vous montrer que, collectivement, vous la connaissez bien ». Et de fait, les participants réussissent à retrouver plus de 90% des aspects règlementaires liés à l’entretien professionnel, en s’appuyant que la grille CQQCOQP[1].
Et de poursuivre : « Maintenant, nous allons nous intéresser aux avantages et inconvénients de cette disposition qui s’impose à l’entreprise. »
Le tableau suivant émerge au bout de quelques minutes de travail collectif :
Question suivante : « Qui mène les entretiens pro dans votre structure ? ». Le tour de table révèle que, lorsqu’ils sont faits, ce sont les RH qui s’en chargent. Personne d’autre n’a le temps.
L’animateur se sert alors du travail précédent pour questionner : « De qui le salarié attend-il d’abord de la reconnaissance ? Qui doit connaître le mieux les collaborateurs pour être en mesure de tirer le meilleur de chacun et favoriser leur motivation ? Qui est celui qui représente la direction auprès de ses collaborateurs ? Qui doit montrer aux salariés son adhésion au projet de l’entreprise ? ». La réponse fuse en chœur : « Le manager immédiat du salarié ! ». C’est donc bien lui qui doit mener cet acte managérial qu’est l’entretien professionnel. « Mais alors, à quoi servons-nous, les RH ? » « Bonne question !! Et je vous la retourne pour le prochain exercice : comment pouvez-vous aider les managers à faire les entretiens pro ? »
Les idées ne manquent pas : Former nos managers à l’entretien pro, leur démontrer que c’est un outil managérial extraordinaire, les sensibiliser, les stimuler, les accompagner, voilà quel est le rôle des RH dans l’entretien pro.
« En voulant bien faire, nous contribuons à court-circuiter nos managers et à blaser les salariés, tout en nous mettant une contrainte temporelle forte. »
Tous repartent de leur matinée, convaincus qu’ils ont mieux à faire de répartir les entretiens pro sur chaque manager de proximité et de les soutenir, plutôt que faire à leur place.
[1] CQQCOQP : Comment, Qui, Quoi, Combien, Où, Quand, Pourquoi