RETOUR D’EXPÉRIENCE : Devenir riche ?

Lorsqu’il m’a été présenté, il a tout de suite planté le décor : « Le coaching ? C’est de la poudre lancée par des optimistes du pays des Bisounours aux yeux de personnes qui sont désespérées et ne voient plus clair dans leur vie. J’espère que je ne vous blesse pas quand je dis cela, mais je préfère vous prévenir avant que nous allions plus loin. »

La tirade avait le mérite d’être claire. Et je me demandais si les conditions requises étaient présentes pour mener un accompagnement qui avait du sens. J’étais encore en formation de coaching et j’avais compris qu’une telle démarche était voué à l’échec si le bénéficiaire ne mettait pas son énergie au service de son objectif.

 

La première séance de coaching s’est naturellement orientée vers l’objectif du bénéficiaire. « C’est assez simple, je me suis toujours dit que lorsque j’aurai 40 ans, je serai riche. J’ai 39 ans aujourd’hui et je suis salarié dans une société de services en informatique, sans espoir d’évolution à court terme. Et même à long terme d’ailleurs, car j’interviens sur un vieux logiciel que peu connaissent, et de moins en moins. Je suis donc bloqué sur un client qui utilise ce logiciel. Je suis à la fois irremplaçable mais incapable de bouger sur un autre poste car je n’ai pas l’occasion ni le temps de faire évoluer mes compétences. Je vous avais promis un coaching impossible : comment atteindre mon objectif en un an alors que je suis indélogeable sur un poste correctement rémunéré mais sans plus ? »

 

J’ai tout d’abord été tenté de questionner le coaché sur les possibilités de se former pour changer de job. Mais j’ai vite réalisé que je n’avais pas fait un tour assez complet de sa pensée : « Pourquoi voulez-vous être riche ? Qu’est-ce que cela vous apportera ? » Bien que ces questions paraissent appeler des réponses évidentes, elles ont plongé mon client dans un silence profond… « …Parce que je me le suis promis ! … Pour montrer à mes parents que je m’en suis sorti sans eux… Parce que j’ai claqué la porte de la maison de mes parents il y a 20 ans… Et surtout pour m’acheter du temps… et en faire ce que je veux. ». En creusant le sujet, nous avons pu établir que cette promesse de devenir riche était aujourd’hui périmée. Ce qu’il désirait aujourd’hui, c’est passer du temps avec sa compagne, et que son job lui imposait un planning très (trop) exigeant par son client et par son boss.

 

Dès lors, le coaching s’est orienté sur une stratégie pour se dégager de la double contrainte « client et N+1 ». Ce qui a conduit le coaché à observer que son périmètre d’action était peu valorisé par son manager, et qu’il y avait pour lui une ouverture pour négocier un départ pour continuer avec son client en freelance. Ce qu’il a réussi à faire, en concluant : « Merci pour ce coaching. Je n’ai pas obtenu ce que je souhaitais au départ, mais ce dont j’avais besoin. Et j’ai un tout autre regard sur le coaching. »

 

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