… qu’on entend ce qu’on entend et qu’on sait ce qu’on sait, on a raison de penser ce qu’on pense ! Ces mots de l’humoriste Pierre Dac, répétés plus tard par Coluche, sonnent à mes oreilles au moment où je tourne le bouton pour éteindre la télévision après le débat politique de trois cadors français du moment.
Mon propos ne s’intéresse pas au contenu du discours de chacun de ces chefs de file, tant le sujet est clivant. En revanche, mon attention a été captée par le public visible au second plan, assis inconfortablement sur des bancs positionnés derrière les prétendants au poste tant convoité de premier ministre. A chaque prise de parole de son poulain, le public supporteur, réduit au silence du plateau télévisé, acquiesçait d’un signe de la tête, manifestant ainsi que son champion avait bien parlé. Pourtant dès qu’un autre prenait la parole pour dire le contraire du précédent, son camp dodelinait de la tête en chœur avec la même véhémence.
Pourquoi donc toutes ces personnes, apparemment saines d’esprit, peuvent-elles avoir à ce point la conviction d’avoir raison alors que leurs voisins pensent le contraire ou juste très différemment avec la même évidence ?
Il semble bien que ce soit à John Grinder et Richard Bandler, pères de la programmation neurolinguistique, que nous devions cette modélisation de nos trois processus de représentation du monde :
La sélection : face aux milliers d’informations disponibles en permanence dans notre environnement, notre cerveau limité ne peut en sélectionner qu’un petit nombre à traiter pour analyse, compréhension, conservation, rétention, élimination, intégration dans nos décisions et actions. Nous le vérifions à chaque fois que nos confrontons les témoins d’une même scène, qui ne relèvent pas les mêmes détails.
La distorsion : les informations que notre cerveau a retenues pour les utiliser font l’objet d’une interprétation pour que nous restions cohérents avec nos représentations personnelles de la réalité. Nous le vérifions à chaque fois que nous ne déduisons pas la même chose d’une expérience que notre voisin.
La généralisation : nous créons des liens entre les expériences passées et les expériences présentes pour comprendre ce qui se passe, et également prédire ce qui va se passer. Nous le vérifions à chaque fois qu’avec d’autres, nous confrontons nos avis et projections appuyés sur l’histoire.
Le domaine politique est d’une richesse et d’une complexité telle qu’il n’est donc pas surprenant qu’il soit le lieu idéal pour le développement foisonnant de ces trois mécanismes humains sans qu’il soit possible d’apporter une preuve irréfutable que l’avenir se passera comme on peut le supposer.